lundi 5 décembre 2016

Un jour ce sera pour moi

J'ai toujours dit qu'un jour, je ferai cette course mythique pour un lyonnais ou un stéphanois : mon expérience de samedi a confirmé cette volonté et je ferai mon tout mon possible pour rendre cela réel.

J'ai la chance de côtoyer pas mal de coureurs de tous niveaux et j'avoue m'être bien marrée à observer leur petite (enfin plutôt grande!) prépa.. ils se reconnaîtront sans doute dans certains points mais les gars, c'est pas méchant, vous êtes bien pires que nous les gonzesses!!!! 

La tenue, les sensations, les massages, la cryo, le régime alimentaire : un peu comme certains magasines à l'approche de l'été pour être la plus belle dans son bikini, nos traileurs se bichonnent, font des achats compulsifs et sont prêts à tout pour que le D Day, tout soit parfait! 

"Tu mets quoi comme pompes?", "combien de couches?", "j'ai un peu mal au ventre/des ampoules/douleurs genou/pieds/tête"... bref l'ensemble du corps y passe! Le traileur serait-il hypocondriaque? Le traileur serait-il chochotte !!!??? Mais NON les nanas, si un peu de stress peut se faire sentir à l'approche de la course, ne rien dire ou le plaindre sont les deux options qui s'offrent à vous! Sinon : fuyez mesdames! 

Pour ma part, j'ai choisi pour la première fois de m'autoflageller sur la saintelyon 2016 en faisant l'assistance toute la nuit de mon traileur : 5 passages où je vais le voir 3 secondes et pourtant, on en voit des choses en si peu de temps ! C'est dur de le voir pas toujours au top mais bon, j'ai choisi hein, je n'ai subi aucune pression ni maltraitance! 

Bref, j'ai droit pour commencer au trajet en voiture avec trois coureurs. Ça va ils n'ont pas couru encore! Là encore, je suis assez stupéfaite par leur débit de paroles!!! 

À l'arrivée sur saint Étienne, j'hallucine sur la foule déjà présente une heure avant le départ mais je sais que certains squattent là-bas depuis plusieurs heures. 

Ça s'échauffe, et vu le froid, le verbe prend tout son sens et je me dis : qu'est ce que je fous là!!! J'ai froid malgré mon attirail digne du grand nord canadien. 

Un dernier bisou à mon traileur, des encouragements aux copains et nous voilà partis avec Laurent, le meilleur des coéquipiers car il connaît bien le parcours et les routes d'ici. Heureusement pour moi! 

On part sur le premier ravito juste pour l'ambiance car mon traileur ne veut pas d'assistance là. On a un pass elite pour pouvoir passer en voiture afin d'être plus près des points ravitos. 
Là, je comprends pas bien : malgré ledit pass, on se tape 800 mètres à courir pour arriver à temps! C'est quoi le délire, je vais courir toute la nuit moi aussi???? Clairement oui! Zone de ravito où il n'y a aucun endroit pour se garer, et les autres sont super loin... on manque même de rater mon coureur une fois! 

Bref, sang froid et combativité, partage et convivialité sont les mots que je retiendrai  de mon expérience nocturne! 

Je regrette d'avoir fait les ravitos avec les élites même si certains étaient sympas car il n'y a pas l'ambiance folle dont on m'avait tant parlé sur le reste de la course. À chaponost, je peux quand même observer les coureurs dans la salle des fêtes et suis admirative de toutes ces personnes venant de courir, faisant une pause, accompagnant... il y a dans leurs yeux quelque chose que je ne connais pas encore ; une sorte de ferveur, comme s'ils savaient un truc que je ne pourrai comprendre tant que je n'aurais pas fait ce type d'effort... et ça, ça m'interpelle. 

D'autres trucs qui m'interpellent : comment font ces élites qui ne s'arrêteront à aucun ravito avec un mini sac??? 

Finis les ravitos, mais tout n'est pas joué, 10 kilomètres restants et pas des moindres : le classement n'est pas encore joué! Je sais que mon traileur serre les dents et c'est difficile de le booster. J'ai un peu insisté pour qu'il fasse cette course... Non pour le résultat mais pour finir sur une bonne note la saison car, au Chili, ça ne s'était pas super bien passé. Donc à ce moment là de la saintelyon, quand il me dit qu'il a des soucis de ventre, j'ai un peu le sentiment de l'avoir envoyé au casse pipe... 

Enfin, la dernière partie se fait avec les copains de la cryo qui ont, eux aussi, fait une sacrée course : deux jours de salon sur le stand de la saintelyon puis nuit blanche pour suivre mon traileur et ils ont enchaîné leur journée de travail le dimanche! Ils me disent souvent qu'ils hallucinent sur sa force et son mental, mais les gars, ce que vous avez fait valait largement son mental et sa force!!! Bravo à vous, j'étais ravie d'être si bien accompagnée toute cette nuit! 

On rejoint maintenant l'arrivée et le spectacle vaut le déplacement, je vous l'assure on se croirait dans un camp militaire :) tout le monde assis, couché n'importe où. De la boue, du sang parfois, la bataille a été folle et on se raconte les souvenirs des tranchées entre Saint Étienne et Lyon !!! 

À côté de ça, l'arche lumineuse et la
Musique de fin de soirée rappellent que nous sommes sur un gros événement et cela annonce aussi l'arrivée  imminente du vainqueur. Sincèrement, les deux premiers m'ont bluffée du début à la fin. Je trouvais que c'était parti vite, mais ils en avaient encore sous le coude, ou plutôt le talon : impressionnants les types! 

Bluffée aussi par Tony moulai qui craquait sur le classement mais qui s'est arraché pour le podium en arrivant presque à genoux sur la ligne. Ca c'est du finish de guerrier! 

Le mien joue sa sixième place au sprint et si c'est le mien, je reste tout de même objective en disant qu'une arrivée comme ça, ça déchire pour les deux qui trouvent les ressources nécessaires encore à 100 mètres de l'arrivée !

Et pour finir sur la course, Sylvaine Cussot qui fait une remontée telle qu'elle arrivera seulement 40 secondes après sa concurrente Juliette Bénédicto. C'était beau. 

Bref, hormis une fatigue impressionnante comme ma crève, avoir assisté à cette course m'a illustrée la force, le courage, l'humilité, le partage, l'amitié, la générosité. La Saintelyon n'est pas la course de l'année, certains diront que ce n'est pas un trail, mais p***** une course de nuit en décembre de plus de 70 bornes, ça envoie du pâté quand même! 

J'ai adoré mon expérience et vous invite si vous ne la faites pas, à y participer à votre manière aussi. L'ambiance y est chouette et le spectacle peut valoir certains films qu'on paye pour voir sur écran géant! 

L'après course sinon? J'ai pas dormi pendant plus de 24H, je suis encore malade, j'ai autant mangé que mon traileur sans avoir fait tant de kilomètres, mais j'ai toujours le smile d'avoir participé à sa course et d'avoir été un petit caillou dans l'édifice de sa saintelyon. Partager, c'est gagné! 

2 commentaires:

  1. Tellement vrai et tellement bien écrit
    A samedi ....

    RépondreSupprimer
  2. Alors moi généralement je suis encore plus crevée quand je le suis sur la/les courses que si je cours lol
    Faire l'assistance c'est pas tjrs facile mais tellement bien aussi ...

    RépondreSupprimer